Dans cette interview, Camille Hutt raconte son expérience à GEM, ses choix de parcours, puis comment elle a été recrutée en CDI chez RBC (Royal Bank of Canada). Elle explique également comment elle a évolué professionnellement.
Pouvez-vous présenter votre parcours à GEM et expliquer vos choix (notamment les échanges : Bentley (Boston) & McGill (Montréal), les spécialisations…) ?
Tout d’abord, j’ai fait un DUT en Gestion des Entreprises et des Administrations (GEA) en deux ans afin d’acquérir des connaissances pratiques et de l’expérience professionnelle via des stages ou emplois étudiants. J’ai ensuite intégré GEM en admission parallèle. De là, j’ai découvert la finance et intégré GEM Finance Society, puis j’en suis devenue la présidente. J’ai donc choisi le parcours associatif en deuxième année, afin de pouvoir me consacrer à l’association.
J’ai ensuite effectué une année de césure pendant laquelle j’ai fait 2 stages en M&A* à Paris chez Interactis puis Capitalmind. J’ai ensuite fait ce que l’on appelle un « Summer », de deux mois chez Royal Bank of Canada, qui s’est conclu tout à fait positivement, puisque j’ai été embauchée et j’intègre le bureau de Londres en juillet prochain.
Ensuite, j’ai choisi de passer ma dernière année à l’étranger pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je souhaitais compléter ma formation dans deux universités reconnues pour la qualité de leur enseignement ; elles sont également renommées, ce qui ne gâche rien sur un CV ! Passer quelques mois à l’étranger est également un excellent moyen de découvrir d’autres modes d’enseignement, de vivre quelques mois au milieu d’étudiants de tous horizons et de tous pays et, bien sûr, et plus particulièrement à Bentley, de perfectionner mon anglais (la totalité des cours à Montréal étant d’ailleurs en anglais). Enfin, le fait de bouger correspond à mon tempérament ! J’ai adoré mon séjour à Montréal et mon cursus à Bentley (qui est toujours en cours) est également top !
* Le M&A (Mergers & Acquisitions), ou Fusions-Acquisitions en français, est un métier de conseil aux entreprises sur leur stratégie de croissance externe. Dans une équipe M&A, vous serez amené à apporter votre expertise à des dirigeants d’entreprises sur leurs opportunités de rachat ou de vente de sociétés. Il s’agit d’un métier où l’analyse financière et le sens stratégique sont au cœur de vos réflexions quotidiennes.
Nous venons d’élire le nouveau Président de l’association Gem Finance Society. Vous qui avez déjà été à la tête de l’association, pouvez-vous nous dire ce que vous avez appris en occupant ce poste ?
J’ai appris beaucoup de choses durant mon année en tant que Présidente. Tout d’abord, d’un point de vue managérial puisque GFS est une association constituée de nombreux membres. C’est la première fois que j’ai managé autant d’étudiants dans différents pôles, et en plusieurs langues ! Cela nécessite un grand sens de l’organisation entre les événements internes, les réunions avec l’administration, le développement de l’association, les relations avec les professionnels, etc. Il y a beaucoup de choses à gérer ! Parallèlement à cela, il faut jongler avec la recherche de stage et les cours à GEM. Cela m’a aussi permis d’améliorer ma capacité à exprimer mes idées et à convaincre. C’est une expérience que je conseille vraiment, sur le plan professionnel comme personnel.
Pouvez-vous présenter le poste que vous avez occupé cet été chez Royal Bank of Canada ? En quoi cela consistait-il ?
J’ai rejoint RBC en Summer dans la division « Investment Banking », au sein de l’équipe Infrastructure – je travaillais donc sur des projets ECM (Equity Capital Market), DCM (Debt Capital Market) et M&A. Mes tâches quotidiennes étaient assez semblables à celles réalisées lors de mes stages à Paris, à la différence que je travaillais désormais sur des entreprises cotées. J’apportais un support aux équipes pour la réalisation de pitchs, présentation d’entreprises, modèles financiers, etc.
J’ai vraiment apprécié la variété des domaines sur lesquels j’ai travaillé au sein de l’équipe Infrastructure : éoliennes, panneaux solaires, aéroports, autoroutes, etc. C’était (très) intense, mais passionnant !
Pourquoi avoir choisi de travailler chez RBC ?
A l’issue de mon Summer chez RBC Londres, on m’a proposée un « CDI », ce qui était mon objectif. J’ai découvert cette banque grâce à GFS. Nous avions organisé un « Financial trip » à Londres et RBC était l’une des banques que nous avions pu visiter grâce à un ancien de GEM qui y travaillait. Invitée par les ressources humaines, nous avons assisté à une présentation de la banque, sa culture, ses projets, etc. en compagnie de quelques Graduates. C’est une banque nord-américaine ; l’essentiel de son marché se trouve donc au Canada et aux États-Unis. C’est également une banque qui s’implante en Europe depuis quelques années. Ils ont des bureaux en Europe : Royaume-Uni, Espagne, France, Allemagne, etc.
Le Summer m’a conforté dans mon souhait d’essayer d’intégrer la RBC. La culture d’entreprise et l’ambiance de travail m’ont convaincue ! RBC s’est également taillée une excellente réputation dans les opérations de M&A. Je me suis rapidement sentie parfaitement intégrée ; on m’a vraiment fait confiance. Même en tant que stagiaire, je participais aux réunions de la division « Investment Banking » et à celles de mon équipe, ainsi qu’à différents calls opérationnels.
Pouvez-vous nous décrire le processus de recrutement d’une banque d’investissement comme la Royal Bank of Canada ? Pourquoi avez-vous été recrutée et pas un(e) autre ?
Le processus de recrutement a récemment été modifié : ils organisent désormais des Springs, permettant d’accéder plus facilement au Summer. Pour ma part, j’ai directement candidaté au Summer en envoyant mon CV ainsi que quelques courtes rédactions. J’ai ensuite passé des tests numériques/verbaux/de réflexion en ligne, puis j’ai eu un entretien téléphonique d’une trentaine de minutes avec une analyste quelques semaines plus tard. Elle m’a posé des questions à la fois techniques et de fit. En général, le premier entretien téléphonique se fait avec un analyste ou un associé. J’ai ensuite été contactée pour participer à l’Assessment Center (AC) à Londres, qui dure une demi-journée. Trois jours avant l’AC, on reçoit par mail une liste de 3 entreprises. Il s’agit d’en choisir une et de réaliser un « pitch » : présentation de l’entreprise et de sa stratégie, valorisation, etc. le but étant de montrer que l’on sait monter un dossier.
Il y a 4 entretiens à passer le jour de l’AC : présentation du pitch, entretiens de motivation et entretien de groupe. Les deux entretiens de motivation mêlent questions techniques et de fit, et sont conduits par des Directors ou Managing Directors (MD). Le but était plus de me challenger sur mes motivations, ma compréhension de la finance et des activités de la RBC. Durant cet entretien, les questions de motivations occupent une place majeure ! En effet, ils ne veulent pas d’étudiants postulant à toutes les banques dans le seul but de décrocher un Summer. Enfin, le dernier entretien (en groupe) est le plus complexe. On est 12 à 15 étudiants autour d’une table avec un journal, et on doit réaliser un résumé de l’actualité. Quand on est avec des anglophones qui parlent très vite, c’est assez compliqué. Il faut réussir à s’affirmer sans pour autant monopoliser la conversation ; car l’attitude et la capacité à exprimer ses idées, voire à convaincre, sont très importantes. En conclusion : le processus est assez long, parfois éprouvant, et sélectif.
Que conseilleriez-vous à étudiant de première année à GEM qui souhaiterait effectuer une carrière dans la finance plus tard ?
Je pense qu’il est important de faire les bons stages dès le début. C’est-à-dire qu’il ne faut pas négliger le stage de première année en effectuant un stage humanitaire ou un stage dans un autre domaine. Il faut directement essayer d’intégrer une banque, même dans une petite structure, ou essayer de rejoindre un cabinet d’audit. Cela donne un avantage considérable lors de la recherche du premier stage de césure ! Il faut également essayer de participer à un maximum d’évènements organisés par GEM ou les associations de l’école. C’est là que l’on rencontre des professionnels de la finance, que l’on comprend les différents métiers, etc. Il ne faut aussi pas hésiter à appeler des professionnels ou étudiants afin d’en apprendre plus sur leur travail quotidien afin de s’orienter vers le bon domaine. Il faut aussi se constituer un carnet d’adresses !
Pour ce qui est du M&A, le domaine est assez compétitif et à la mode. C’est donc très compliqué de décrocher un stage sans expérience. Selon moi, pour mettre le plus de chances de son coté, il faut candidater tôt (6 mois en avance en général) et commencer à créer son réseau dès que possible.
Concernant le recrutement à Londres en Spring, Summer ou Graduate, ce qui fait la différence sont les expériences personnelles ; il ne faut pas donc pas hésiter à faire de l’humanitaire, s’impliquer dans la vie associative de l’école, etc. Il faut montrer qu’on est curieux, ouvert d’esprit, et que la mobilité n’est pas un problème.
Pouvez-vous nous parler de la culture canadienne ? Que diriez-vous à un français qui souhaite s’installer au Canada ?
Je connais surtout la situation au Québec. C’est un pays qui se porte bien et recrute beaucoup. Ils adorent les français et recrutent à l’étranger. Cela peut être intéressant pour un français de s’installer au Canada : il y a des emplois, les conditions de vie sont agréables et les personnes chaleureuses.
Pour ce qui est des conditions de travail, la mentalité est différente. Pour les québécois, on termine assez tôt. Le plus souvent vers 18h / 19h. C’est également normal de faire des activités tous les soirs : sport, voir des amis, etc. En contrepartie bien sûr, il y a moins de vacances.
En résumé je dirais que les Canadiens sont globalement ouverts, accueillants et que l’on crée facilement des liens avec eux.