Par Yonni Dana
Dans cet article, nous avons eu la chance d’interroger Yassine Rochd, fondateur d’Invest Prep et ancien Associate en Private Equity chez Bpifrance. Nous lui avons posé une série de questions, les plus récurrentes auprès des étudiants, afin d’en savoir davantage sur le Private Equity.
1) Peux-tu nous présenter ton parcours scolaire (études et stage) ?
J’ai commencé par une CPGE ECS, puis j’ai intégré Toulouse Business School où j’y ai effectué un master finance. Pour les stages, lors de ma césure j’ai eu l’opportunité de faire 6 mois chez HSBC en Leveraged Finance, puis 6 mois à Bpifrance en Private Equity (Small cap), enfin j’ai réalisé mon stage de fin d’étude chez 123 Investment Manager toujours en Private Equity.
2) Pourquoi avoir choisi le Private Equity ?
Les missions en Private Equity sont très intéressantes et variées. Il faut comprendre le marché de l’entreprise, suivre son évolution, sa stratégie, le projet des dirigeants, accompagner l’entreprise sur une période moyenne de 5 à 7 ans. C’est en découvrant toutes ces missions lors de ma césure que je me suis rendu compte que c’était un milieu qui me plaisait.
3) Le Private Equity c’est quoi si tu devais l’expliquer simplement ?
Le PE c’est une classe d’actif, une typologie d’investissement dans des entreprises non cotées en bourse. On va donc étudier des entreprises qui ont des projets de croissance, de développement, puis en choisir certaines d’entre elles et y investir pour en devenir actionnaire.
Il y a donc trois phases distinctes dans ce métier :
- D’abord, étudier les entreprises (analyse, discussions sur le projet) et finalisation de l’investissement,
- Puis accompagner l’entreprise sur 5 à 7 ans en étant actionnaire. On va donc conseiller et aider les dirigeants, participer aux assemblées générales, etc.
- Et enfin la dernière partie concerne la revente des parts du capital (à un autre fonds d’investissement, aux dirigeants, à d’autres managers ou même à une autre entreprise).
4) Quelle différence entre Private Equity et M&A ou encore Transaction Services ?
Ce sont des métiers très différents même si on mobilise des connaissances assez proches. D’une part, en M&A on conseille une entreprise à l’achat ou à la vente. On réalise entre autres la mise en relation, et des modèles financiers pour son client donc on est un intermédiaire, alors qu’en Private Equity on est actionnaire investisseur.
D’autre part, en Transaction Services on diagnostique une entreprise, on fait des dues diligences, et on se prononce sur les risques autour de la transaction et l’état financier de la société analysée.
5) Quelle est l’information la plus regardée sur un CV pour être pris en Private Equity ?
Plus le candidat est junior et manque d’expérience et plus la section formation et le nom de son école comptent. Mais plus on a d’expérience et plus celle-ci prend d’importance aux yeux des recruteurs. Les expériences les plus intéressantes pour rejoindre un fonds d’investissement sont évidemment la banque d’affaires et en particulier les métiers du M&A et Leveraged Finance ou encore le Transaction Services ou la valorisation au sein d’un cabinet.
6) Est-ce qu’il faut obligatoirement faire du M&A pour rejoindre un fonds de Private Equity ?
Non, ce n’a pas été mon cas par exemple. Il n’y a pas de profil ou de CV type pour travailler en Private Equity. Certains rejoignent cet univers en sortie d’école, d’autres passent par de la banque d’affaires, du conseil en stratégie ou un cabinet de Transaction Services. Il est même possible d’arriver en Private Equity après une expérience entrepreneuriale.
7) Est-ce que le Private Equity est difficile d’accès et quels sont les plus grands fonds ?
Je dirais que c’est un métier très exigeant, et qui attire beaucoup d’étudiants donc c’est un métier assez difficile d’accès. De plus les missions sont très techniques que cela soit sur le plan de l’analyse financière, juridique ou fiscale d’une opération d’investissement. Cela demande ainsi une bonne compréhension des enjeux financiers. Un chasseur de têtes me partageait que pour chaque mandat en Private Equity il étudiait environ 300 CV. Ce chiffre donne une bonne idée de la sélectivité du secteur.
Enfin parmi les plus gros fonds à l’échelle mondiale on retrouve Blackstone, KKR ou encore The Carlyle Group. Au niveau national et européen, certains des plus gros acteurs sont Ardian, Eurazeo, ou encore Tikehau.
8) Est-ce qu’une école comme GEM peut prétendre aux plus gros fonds de Private Equity ?
Les plus gros fonds à l’échelle mondiale sont très difficile d’accès et recrutent des profils issus des meilleures universités et écoles mondiales. En revanche, Blackstone et KKR ne sont heureusement pas les seules options pour quelqu’un qui s’intéresse au Private Equity. Même si la concurrence reste rude, un étudiant de GEM peut très bien prétendre à un poste dans l’un des nombreux fonds français ou européen.
9) Où se situe la rémunération pour ce secteur ?
C’est difficile à définir car il existe beaucoup de segments en Private Equity et les acteurs, en fonction de leur taille, notoriété et performance peuvent proposer des rémunérations très variables. Quoi qu’il en soit, le Private Equity reste un métier où les salaires sont très confortables. Les salaires augmentent rapidement avec l’expérience et certaines composantes se rajoutent comme le Carried Interest : intéressement à la performance que touchent les équipes d’investissement en Private Equity lorsque la performance d’une opération dépasse un TRI cible.
10) Quels sont les principaux tests et questions d’entretien en Private Equity ? As-tu des conseils à donner pour passer ces tests ?
Le candidat peut être interrogé sur sa compréhension du métier d’investisseur, sur le cycle d’investissement, les stratégies d’investissement ou encore les critères regardés avant d’investir. Il peut également avoir des questions plus techniques en comptabilité, sur les retraitements réalisés dans un objectif de valorisation d’entreprise. Il peut également avoir des questions autour de la construction d’un business plan, de la modélisation de la dette ou encore de la structuration d’une opération…
C’est justement pour aider les candidats à passer ces tests en Private Equity, Venture Capital, M&A et Transaction Services que j’ai créé Invest Prep (lien vers la formation en Private Equity : https://www.investprep.fr/formation-private-equity-2/). Invest Prep est un organisme de formation dédié aux métiers de la finance d’entreprise. On accompagne donc les étudiants et juniors dans la préparation des entretiens et dans la prise de poste des métiers les plus exigeants de la finance d’entreprise.
11) Est-ce que les Springs ou les Summers sont importants pour accéder à ce secteur ?
Les Springs ou les Summers sont des expériences qui ciblent davantage les banques d’investissement (M&A, Leveraged Finance, ECM…) et non directement les fonds d’investissement. Ceci dit cela reste tout de même des expériences très enrichissantes en finance et donc valorisées sur le CV d’un candidat intéressé par le Private Equity.
12) Faut-il faire de l’audit en big four pour travailler en Private Equity ?
Non il n’y a pas vraiment d’obligation. C’est une option intéressante en début de carrière notamment avant un passage un Transaction Services. Les options les plus valorisées pour l’univers du PE restent autour du deal (Transaction Services, valorisation et modeling, M&A, financement, leveraged finance…).
13) En quoi consistent les missions d’un stagiaire en Private Equity ?
Elles sont variées, vous pourrez participer à l’étude d’opportunités d’investissement, étudier les infos clés d’une entreprise, prendre connaissance de l’information mémorandum. Vous réaliserez également des études sur le marché de l’entreprise, vous assisterez aux échanges avec les dirigeants, les avocats, les intermédiaires et les cabinets de Transaction Services. Vous pourrez également participer à la rédaction des documents comme la note d’investissement et tous les documents autour des données essentielles de l’entreprise.
14) Quelles sont les principales qualités dont nous devons faire preuve pour travailler dans ce milieu ?
Il faut avoir beaucoup de rigueur afin de remettre des rendus fiables et ordonnés, mais aussi être au point techniquement pour être le plus compétent possible et autonome. Enfin il faut être intéressé par les relations humaines et le monde de l’entreprise, donc avoir un bon sens du relationnel.
15) Qu’en est-il sur des horaires de travail ?
C’est une question difficile car cela varie beaucoup en fonction des fonds d’investissement, du nombre de dossiers en cours, de la taille de l’équipe d’investissement. Le PE reste un métier exigeant avec des périodes de rush notamment lors des phases de « closing » du dossier. Pour autant le rythme de travail est souvent plus gérable qu’en banque d’investissement.
Nous tenons à remercier Yassine Rochd pour ses explications et le temps qu’il y a consacré. Enfin, nous espérons qu’à travers cet article, vous avez désormais une compréhension plus claire du Private Equity. Nous rappelons que Monsieur Rochd propose à travers sa plateforme Invest Prep, une formation rigoureuse pour mettre toutes les chances de votre côté dans ce milieu exigeant qu’est la finance d’entreprise et qui demande de la rigueur et de solides connaissances.