Deux concepts pouvant paraître opposés
Le monde de la finance est vaste, allant d’un simple crédit à l’achat d’actions. Toutefois, une caractéristique reste commune à l’ensemble des domaines de ce secteur : l’incertitude. De nombreux exemples s’offrent à nous comme la peur de voir une action achetée perdre de la valeur, la peur d’un banquier de ne pas récupérer l’argent prêté ou encore la difficulté (voir l’impossibilité) de prévoir la date de certaines crises financières. Lors d’une opération de financement il y a forcément un risque encouru, ce risque est plus ou moins difficile à évaluer mais il sera toujours présent aussi minime soit-il. Ainsi avant d’agir dans le monde de la finance, les acteurs se renseignent pour déterminer quels sont les risques encourus et quel est leur probabilité d’occurrence.
La blockchain est à l’inverse un secteur où l’information est transparente et non manipulable. Cette technologie permet en effet de stocker des données de manière décentralisée, qui sont retransmises sous la forme d’un historique accessible par tous les utilisateurs si elle est privée et par tous si elle est publique. L’information d’une blockchain est ainsi fiable, claire et non manipulable.
Deux concepts qui ont pourtant été associés
La première application de la blockchain a vu le jour en 2008, lors du lancement du bitcoin. Cette utilisation de la blockchain par le monde de la finance pose la question de la fiabilité, et de l’existence ou non du risque dans la technologie de la blockchain. En effet le bitcoin est considéré comme l’un des produits financiers les plus dangereux étant donné que la contrepartie de cette cryptomonnaie n’est que virtuelle. La blockchain n’est cependant pas à blâmer puisqu’elle retranscrit tout de même parfaitement les informations sur les échanges effectués. Les seules incertitudes sont liées aux anticipations et sont imputables au monde de la finance.
La blockchain est donc fiable, son utilisation par le monde de la finance amène des risques financiers, qui ne créent pas pour autant de l’incertitude sur la validité des informations que renvoit la technologie de la blockchain.
Pourrait-on rendre la finance moins risquée grâce à la blockchain ?
Cette technologie pourrait-elle permettre par exemple d’éviter une crise financière ? Prenons l’exemple de la bourse : la blockchain permettant une vision globale sur les opérations effectuées, l’Etat pourrait s’apercevoir beaucoup plus aisément si la chute d’une action est le résultat de la stratégie d’un investisseur (disposant de suffisamment de fonds) qui a créé une bulle spéculative. Ainsi des sanctions pourraient être prises contre les acteurs qui perturbent volontairement le marché boursier dans l’objectif d’éviter un marché trop instable.
Aujourd’hui cela relève de l’utopie comme nous pouvons le voir au Venezuela. Le Venezuela a choisi de lancer (publiquement) sa propre cryptomonnaie le 5 novembre dernier : ‘le petro’. Tout cela dans l’objectif ne plus voir sa monnaie être influencée par les Etats-Unis et stopper l’hyperinflation qui a touché le pays (plus de 1000% en 5 ans). Or, cette cryptomonnaie présente un risque puisque, la confiance en la blockchain n’étant pas assez élevée, elle a été indexée sur le pétrole.
De plus, une finance plus stable impliquerait un monde de la finance entièrement transparent mais plusieurs obstacles apparaissent. Il faudrait par exemple que les acteurs financiers qualifiés acceptent ce changement car ce seraient toujours eux les acteurs d’une finance plus stable et ils pourraient considérer qu’une finance plus transparente rendrait leur métier moins attrayant. En effet il y aurait moins de risques et donc moins de possibilités de prouver sa valeur ou de profiter de l’adrénaline de ce métier.
Ainsi la blockchain pourrait permettre à la finance d’être plus stable, sans nuire à son efficacité, et en offrant des opportunités de régulation. Toutefois le monde de la finance d’aujourd’hui préfère garder un certain niveau de risque et peu de personnes accordent leur confiance à cette technologie. Les Etats, s’ils coopèrent, sont les acteurs les plus propices à engager ce tournant de la finance vers la blockchain, car ils pourraient y voir le moyen d’éviter des crises et ils sont les seuls à pouvoir mettre en place un tel système en changeant les mentalités et en créant des lois.
Lucas TILLIETTE