Par Emmanuel Caillet
Aujourd’hui, sur près d’une trentaine de licornes (entreprise ayant atteint 1 milliard de valorisation) recensées, 10 sont des sociétés de fintech, dont plusieurs ayant atteint un niveau suffisant de maturité pour aspirer à une introduction en bourse. Un tel développement de ces industries novatrices est fort de conséquence pour l’industrie financière traditionnelle ; ces start-ups bousculent une industrie pourtant rigide, mais qui ne peut résister à l’accroissement des nouvelles technologies financières. En conséquence, en dix ans, le secteur bancaire a connu plus de bouleversement qu’en deux siècles.
Mais alors, qu’est-ce qu’une fintech ? Acronyme de technologie financière, cela désigne une entreprise, le plus souvent des start-up innovantes, qui utilisent la technologie pour repenser les services financiers et bancaires. À la suite de la crise économique de 2008, de nombreux banquiers et traders ont quitté les grands centres financiers de la planète et se sont lancés dans des aventures entrepreneuriales pour repenser le modèle de la finance grâce à l’innovation technologique.
Le but ? simplifier la finance, la rendre plus accessible, via des services financiers (paiements, transferts d’argent, les prêts etc.) avec un bien meilleur rapport qualité prix. En outre, elles offrent les mêmes fonctions qu’un banquier et donnent aux clients une alternative pour ne plus passer par l’intermédiaire des banques.
Nous pouvons illustrer concrètement ce que sont des fintechs avec ces exemples :
– Acorns : Fintech qui propose une solution de gestion des finances destinée aux particuliers. Elle propose des conseils d’investissement, des notifications de dépenses, des comptes de placement, des cartes de débit et bien plus encore.
– Stripe : Fintech qui facilite le traitement des paiements en ligne. Elle offre une plateforme de paiement sécurisée avec un processus de gestion des paiements entièrement automatisé, y compris le traitement et le transfert des fonds vers les vendeurs et les achats.
Les fintechs, une menace pour l’industrie financière traditionnelle ?
L’un des scénarios probables quant à l’évolution des fintechs est que celles-ci deviennent effectivement des menaces pour les banques traditionnelles. Les fintechs se caractérisent par leur innovation technologique, leur agilité et leur capacité à répondre aux besoins des consommateurs. Elles offrent des services et produits financiers innovants et à bas prix, qui peuvent facilement être accessibles à un large public, tel que des prêts plus souples et rentables entre autres. Par exemple, de nombreuses entreprises de fintech sont apparues ces dernières années pour offrir des services bancaires en ligne. Les services en ligne sont souvent plus simples et moins chers que les services traditionnels des banques, ce qui les rend très attrayants pour les consommateurs. De plus, certains services bancaires en ligne sont même accessibles 24h/24, ce qui est impossible dans un établissement bancaire traditionnel.
Grâce à cette somme d’innovation et d’avantages, il est indéniable que les fintechs doivent être prisent au sérieux par les banques traditionnelles. En effet, ces fintechs font preuve d’une efficacité redoutable pour conquérir de nouveaux clients. Selon une étude de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), les Fintechs ont attiré, en 2017, 1.3 million de nouveaux clients, représentant le tiers des 3.8 millions d’ouvertures de comptes cette même année. Également, le cabinet de conseil Bain & Company estime que le nombre de clients actifs chez ces nouvelles banques a progressé de plus de 14% entre 2015 et 2017.
Les fintechs, une (r)évolution nécessaire de l’industrie financière ?
Au-delà d’être perçu telle une potentielle menace, les fintechs révolutionnent le monde de la finance, et peuvent accompagner des banques traditionnelles dans leur transition vers ces nouveaux outils. Ces dernières années, un nombre croissant de grands groupes bancaires se sont alliés avec des fintechs pour offrir leurs services. En 2020, c’est la Bank of America qui a conclu un partenariat avec Plaid, une fintech californienne, afin d’améliorer leurs offres de services bancaires numérique. Dans cette même dynamique, JP Morgan a lancé une plateforme de services technologique en partenariat avec des start-ups fintech afin de s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs. En outre, les banques auront l’occasion d’améliorer leurs services en exploitant les données de leurs clients. C’est une situation avantageuse pour les banques. Elles ne sont pas inquiétées par l’émergence des Fintech et un rachat leur permettrait d’éviter un lourd investissement dans le développement interne de solutions équivalentes sans la certitude que cela aboutisse.
Sans forcément révolutionner l’industrie financière traditionnelle, les fintechs apportent bien une évolution importante. En effet elles apporteront aux banques traditionnelles, qui ont la force de la clientèle, une transition technologique pour améliorer leur service.
Un futur finalement difficilement prévisible.
Finalement, même si cette transformation du monde financier par l’impact des fintechs est actée, la multitude de scénarios envisageable dans un contexte instable ne permet pas de spéculer avec précision sur l’impact qu’auront les fintechs sur le long terme. D’autant plus que nombre d’entre elles survivent plus qu’elles ne prospèrent. Ainsi en France et dans de nombreux pays, les banques traditionnelles ne se disent pas inquiètent par ce phénomène, assurant conserver toute la confiance de leur client, tout en ayant une approche plus partenariale que conflictuelle avec les fintechs.